Ce nouveau rapport - Tendances clés du cinéma russe - a été présenté hier à Saint-Pétersbourg par l'Observatoire et Nevafilm Research dans le cadre de l'International Content Forum et de KINO EXPO.
Le rapport dresse le tableau suivant :
- Le nombre de films sortis en Russie est passé de 280 à 350 au cours de la période 2004-2011, et de 400 à 450 entre 2013 et 2017.
- Environ 140 à 150 films nationaux sortent chaque année en Russie. Près d'un quart de ces films sont produits hors de Moscou et de Saint-Pétersbourg et la moitié des films régionaux sont tournés en Yakoutie.
- Entre 2013 et 2017, la part de films produits par des réalisatrices est passée de 11 % à 23 % (en moyenne 16 % sur cinq ans).
Une nouvelle étude de l'Observatoire européen de l'audiovisuel sur le marché du film russe, réalisée par Nevafilm Research, fournit une analyse complète du développement de l'industrie cinématographique russe entre 2013 et 2017. L'étude procède à l'examen des données concernant l'état de la production, de la distribution et de l’exploitation en salle des films. Elle présente également les modifications effectives et potentielles au niveau de la législation pertinente.
I. Films sortis en Russie : env. 30 % d'augmentation depuis l'avènement de l'ère numérique.
Une fois la révolution numérique achevée, le nombre de films sortis en Russie est passé de 280-350 à 400-450. En 2016, un système de distribution de contenus créatifs a également vu le jour en Russie, avec jusqu'à 600 titres supplémentaires présentés dans le cadre de projections uniques.
II. Parc d'écrans en Russie et rôle des subventions : une croissance dynamique grâce au financement public
D'ici fin 2018, la Russie disposera de plus de 5 000 écrans de cinéma, dont plus de 800 auront reçu des subventions du Fonds cinématographique (15 % d'écrans russes, 36 % de cinémas). En d'autres termes, le réseau des salles de cinéma est certes en phase de croissance, mais il offre de moins en moins de place aux films étrangers.
III. Le financement des films en Russie : augmentation des sources de financement pour les productions indépendantes
L'appui financier de l'Etat à la production de films porte sur un nombre de plus en plus restreint de films à gros budget produits par les grands studios. La part de marché des films russes en circulation est donc de plus en plus tributaire d’un petit groupe d’acteurs du marché et de projets. Parallèlement, les producteurs ont accès à un nombre croissant de sources de revenus et d’investissement : collaboration avec les chaînes de télévision, financement participatif, ventes à l’étranger (particulièrement importantes en raison de la faiblesse du rouble), développement des services de VoD, chaînes télévisées thématiques, etc.
De plus, la diversité créative de la production cinématographique russe se développe grâce à la création de pôles cinématographiques régionaux ; les producteurs basés dans la capitale peuvent diversifier les risques en s'impliquant dans les activités de leurs collègues régionaux et en bénéficiant de leurs systèmes d'aide (commissions sur les films et réductions).
IV. L'audience du cinéma en Russie : baisse du public parmi les jeunes en raison du succès croissant des services de VoD et du « déficit » démographique
Le nombre de jeunes en Russie est en baisse et les jeunes vont moins au cinéma qu'auparavant. Du fait de la conjonction de ces deux facteurs, les jeunes représentent une proportion de plus en plus faible du public cinématographique.
Une autre raison expliquant la baisse d'audience réside dans le fait qu'il est de plus en plus facile de regarder des films chez soi : le délai entre la sortie en salle d’un film et sa sortie numérique ne cesse de se réduire, passant de 10,4 semaines en 2015 à 8,8 semaines en 2018. Il est intéressant de noter que les producteurs russes augmentent la fenêtre de diffusion de leurs films, alors que les producteurs des Etats-Unis et d'Europe la réduisent.
V. Mesures de l’Etat pour stimuler le secteur national : régulation des fenêtres de diffusion et assouplissement de la classification
D'une façon générale, les organes exécutifs fédéraux jouent un rôle accru dans la régulation du marché du cinéma russe et de l'activité des différents acteurs, ce qui a des répercussions (tant positives que négatives) dans toutes les filières du secteur. Des formes de protectionnisme non monétaires se développent, notamment par la réglementation des dates de sortie, l'assouplissement des classes d'âge pour les films russes tout en les durcissant pour les films étrangers, et l'extension du réseau de cinémas grâce aux subventions publiques.
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